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Le « general-diplomate » Colin Powell, secretaire d’Etat de George W. Bush qui avait defendu l’intervention en Irak devant l’Onu, reste decede lundi a l’age de 84 ans de « complications liees au Covid-19 ». Powell fut le premier Afro-Americain et l’homme le moins i?ge a occuper la place de chef d’etat-major des armees, de 1989 a 1993, avant d’etre le premier secretaire d’Etat noir sous la presidence republicaine de George W. Bush.
Modere de temperament, M. Powell a bataille afin d’effectuer valoir son avis de paix face a toutes les « faucons » de l’administration Bush, tel le vice-president Dick Cheney ou le sous-fifre a Notre Defense Donald Rumsfeld, tres « va-t-en-guerre » apres les attentats meurtriers du 11 septembre 2001. C’est vis-i -vis de l’Irak que les tensions avaient atteint un paroxysme. Mais, fidele a George W. Bush, le sous-fifre d’Etat n’avait que dalle laisse paraitre, defendant sans etat d’ame apparent la politique suivie.
Colin Powell avait fera, le 5 fevrier 2003 devant le Conseil de securite de l’ONU, une longue allocution i propos des armes de destruction massive pretendument detenues par l’Irak, des arguments qui ont servi a justifier l’invasion du pays. Il avait surtout agite une fiole contenant d’apri?s lui de l’anthrax, image restee celebre. L’intervention avait serieusement destabilise la region, provoquant principalement la conception de https://datingmentor.org/fr/pure-review/ Daech en reunissant d’anciens chefs de l’armee de Saddam Hussein et d’Al-Qaida dans la meme prison americaine de Camp Bucca.
Plus tard, Colin Powell avait evoque ses regrets ; non pas Afin de des malheurs engendres, mais Afin de sa reputation. « C’est une tache parce que j’habite celui qui a fait une telle presentation au nom des Etats-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan ». Fin 2004, notre reporter Regis Notre Sommier avait rencontre Colin Powell pour evoquer ce bilan, aussi que le secretaire d’Etat s’appretait a quitter le gouvernement Bush. En francais au texte, Colin Powell avait certain : « Je ne regrette pas grand chose ».
Voici l’interview de Colin Powell, telle que publiee dans Paris Match en 2004.
Colin Powell : “Je ne regrette rien”
Apres avoir incarne la politique etrangere de Bush, aussi dans la tourmente d’la guerre en Irak, il devra ceder sa place a Condoleezza Rice. Nous l’avons suivi durant ses dernieres missions. Emu mais nullement amer.
Il s’apprete a tourner une page dans l’histoire d’une carriere exemplaire. Apres sa demission, le 15 novembre dernier, Colin Powell, 67 ans, laissera, le mois prochain, son poste de secretaire d’Etat a Condoleezza Rice. Le chef de la diplomatie americaine etait le plus populaire des membres du cabinet, dans son pays comme a l’etranger, et l’annonce de le depart a suscite votre concert de louanges. Le general-diplomate cachait mal le opposition aux «faucons» : dans l’Irak tel concernant le conflit israelo-palestinien, ses appels a la moderation etaient souvent ignores. Alors qu’il vient de boucler une « tournee d’adieu » diplomatique, Colin Powell a accorde votre entretien exclusif a Paris Match. Sans detours, souvent avec humour, il evoque le avenir, ses guerres et le parcours, du ghetto au sommet de la toute premiere puissance mondiale.
Paris Match. Votre pays est au combat et vos troupes vont rester un moment en Irak. Comment un expliquer la commencement a un moment aussi crucial ? Colin Powell. J’aime les troupes et je les soutiens, mais je ne suis plus chef d’etat-major des armees. On peut comprendre que, i l’instant ou son second mandat commence, le president veuille remplacer les individus autour de lui. Ceux qui, comme moi, etaient la depuis 1 bout de temps libre se disent que c’est une bonne chose concernant lui. Je ne demissionne gui?re, je poursuis mon chemin.
P.M. L’image des Etats-Unis au monde a rarement ete aussi mauvaise. Pourtant, partout, les individus vous aiment, vous. Expliquez-nous i§a. C.P. Je peux vous citer des pays – je ne vais pas donner de noms – ou il y aurait des manifestations hostiles si je m’y rendais demain. Nous sommes au plus bas dans l’opinion publique arabe, mais seulement concernant Quelques aspects de une politique. Je crois que la guerre en Irak en est la cause, et claque que le conflit palestinien n’a pas ete resolu n’arrange rien. Si, comme vous le dites, les mecs m’aiment beaucoup, alors c’est que le souci est politique, ainsi, non aucun l’antiamericanisme. Tous ces personnes qui font la queue pour obtenir des visas pour etudier ou bosser a toutes les Etats-Unis, vous croyez qu’ils sont antiamericains ?
P.M. N’est-ce pas frustrant de gravir les echelons jusqu’a chef d’etat-major des armees ainsi que demissionner, Afin de ensuite remonter tout en haut en tant que secretaire d’Etat, et de demissionner bien? C.P. Non, c’est la vie. Mais je n’ai toujours pas un pied dans la tombe ! [Il rit.] Je suis devenu conseiller Afin de la securite nationale [aupres du president Reagan, N.d.l.r.]. On m’a commandant de chacune des forces armees des Etats-Unis. J’ai eu sous mes ordres un million de soldats. Maintenant, je suis secretaire d’Etat. Demain, une autre a s’ouvrira.
P.M. Et si les Americains se mobilisent Afin de vous demander de revenir, en 2008 notamment ? C.P. A condition que cela ne veut pas dire revenir dans l’existence politique. Je n’ai aucune le desir de me presenter a une election. Ca ne correspond jamais a ce que je suis. Mais j’ai hate de retourner a la vie civile pour voir ce qu’elle a a me proposer.
P.M. Est-ce que vous pensez avoir eu de l’influence sur le president Bush ? Vous a-t-il ecoute ? C.P. Oui, la plupart du temps. C’est moi qui ai fortement recommande d’aller devant les Nations unies vis-i -vis de l’Irak, tout comme j’avais recommande d’intervenir en Afghanistan apres le 11 septembre. Le president a suivi les avis, sur la Coree du Nord ou l’Iran ou nous collaborons avec les partenaires europeens, sur nos relations avec la Chine, avec l’Union europeenne, avec l’Otan. Je quitte ma place convaincu de lui avoir donne les meilleurs conseils, ainsi, persuade qu’il en a suivi une grande part.
P.M. Pourtant, lorsqu’il vous a reclame la avis sur l’Irak, vous lui avez repete, d’apres le journaliste Bob Woodward, la regle des supermarches de porcelaine: “Ce que vous cassez reste a vous. ” C.P. Oui. C’etait mon boulot.